NICOLAS SCHÖFFER

NICOLAS SCHÖFFER « Du cinĂ©ma expĂ©rimental  Ă  l’expĂ©rience cathodique 1956-1973 Â»

Vernissage Samedi 19 Octobre 18H

Exposition jusqu’au  30 Octobre 2013

texte: Eleonore Schoffer

Le contexte technologique des annĂ©es 60 a radicalement changĂ© les paradigmes de communication de notre sociĂ©tĂ©. Une nouvelle forme d’art, le multimĂ©dia, a surgi tel un medium qui s’est presque transformĂ© en Ă©pidĂ©mie entre les artistes d’avant-garde. Depuis plusieurs endroits du globe, les crĂ©ateurs et les intellectuels ont commencĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir autour de l’image de masse, pariant pour un art environnemental et, dans d’autres cas, s’appropriant cette particularitĂ©, propre Ă  la tĂ©lĂ©vision. Ce nouveau moyen de communication fut utilisĂ© comme un objet artistique par le biais d’assemblages ou en tant que tel. De ce contexte a surgi ce que nous entendons aujourd’hui par « l’Art VidĂ©o ».

Lorsqu’il s’agit de comprendre les origines de l’Art VidĂ©o, on rencontre une histoire diffuse, entre Fluxus, le cinĂ©ma expĂ©rimental et la tĂ©lĂ©vision. La version la plus souvent rapportĂ©e est que les pionniers sont l’Allemand Wolf Vostell (1932-1998) et le CorĂ©en Nam June Paik (1932-2006). Il existe un troisiĂšme personnage, l’artiste franco-hongrois Nicolas Schöffer (1912-1992), dont les recherches ont Ă©tĂ© Ă  l’origine de l’art multimĂ©dia. PremiĂšre Ă©mission vidĂ©o Ă  la TĂ©lĂ©vision Française en 1961)

Wolf Vostell, en 1958, est le premier Ă  prendre en compte la tĂ©lĂ©vision avec son « TV DĂ©-coll/age n°1 », Ɠuvre composĂ©e de 6 tĂ©lĂ©viseurs placĂ©s derriĂšre une toile lacĂ©rĂ©e par un couteau puis en 1963 avec Funeral Televisivo dans le Festival Y.A.M Ă  New York. De son cĂŽtĂ©, Paik inaugure Ă  la galerie Parnass de Wuppertal (Allemagne) l’Exposition of music/ Electronic Television, considĂ©rĂ©e comme la premiĂšre exposition vidĂ©o (1963). A cette occasion ont Ă©tĂ© disposĂ©s treize tĂ©lĂ©viseurs dans la salle, ‘’prĂ©parĂ©s’’ magnĂ©tiquement pour dĂ©former les images (2 ans avant l’usage du premier camĂ©scope Sony en 1965).

A la mĂȘme Ă©poque, en 1961, Nicolas Schöffer fabriqua un dispositif, le Luminoscope consistant en une machine produisant des effets visuels, que l’artiste combina avec ceux obtenus par son intervention sur le tube cathodique de la tĂ©lĂ©vision, dĂ©formant ou superposant ainsi les images en temps rĂ©el. C’est avec ce dispositif qu’il crĂ©a, en 1961, Variations Luminodynamiques 1. la premiĂšre Ɠuvre rĂ©alisĂ©e pour la tĂ©lĂ©vision dans l’histoire de l’art.

Cette transmission a inaugurĂ© une nouvelle relation active entre les Mass-mĂ©dia et les arts plastiques. La nuit du 25 octobre 1961, la tĂ©lĂ©vision française a diffusĂ©, dans un programme de variĂ©tĂ©s, une Ă©mission ‘’dĂ©lirante’’ qui pendant un instant, a arrĂȘtĂ© la programmation commerciale. Nicolas Schöffer a créé dans ce film un univers abstrait et onirique, oĂč alternaient des images faisant intervenir des effets visuels sur un chanteur, des musiciens et un couple de danseurs qui donnaient l’impression d’ĂȘtre en lĂ©vitation dans des matiĂšres lumineuses et aqueuses qui se dissipaient sur l’Ă©cran.

L’Ɠuvre, Variations Luminodynamiques 1. est un rĂ©fĂ©rent dans les origines de l’art vidĂ©o, non seulement par la transmission massive de cette proposition audiovisuelle ou par les expĂ©riencestechniques que celle-ci a impliquĂ©es, mais parce que c’est l’un de premiers clips pour la tĂ©lĂ©vision, dans l’histoire de la musique et de l’image, oĂč les mouvements corporels et les sons Ă©taient synchronisĂ©s.

Penser Ă  Schöffer en tant qu’artiste “multimĂ©dia” est pour certains une excentricitĂ©, en particulier pour ceux qui le classent comme “sculpteur cinĂ©tique”. Mais les propositions audiovisuelles de Nicolas Schöffer, loin de n’ĂȘtre qu’une perle rare dans sa trajectoire, nous donnent un aperçu sur la complexitĂ© de son Ɠuvre polydirectionnelle.

Depuis le dĂ©but de ses recherches l’idĂ©e traditionnelle de l’objet d’art a Ă©tĂ© loin de ses prĂ©occupations. A partir de l’apparition de ses Spatiodynamique il s’engage dans une aventure esthĂ©tique qui met en Ă©vidence les trois “matĂ©riaux immatĂ©riels de la vie” : l’Espace, la LumiĂšre et le Temps, Le monde de l’audiovisuel fait partie des axes de travail dĂ©veloppĂ©s par Schöffer, parallĂšlement au centre de ses recherches: la CybernĂ©tique.

Dans un premier temps il explore la dissolution des formes en mouvement. En 1956 il introduit un nouveau matĂ©riel Ă  son ouvrage : la lumiĂšre. Ceci lui permet de gĂ©nĂ©rer des formes ‘’ouvertes’’ qui ont donnĂ© naissance aux expĂ©riences de ‘’expanded cinema’’ oĂč l’artiste projette des effets lumineux sur des Ă©crans.

La camĂ©ra est devenue un outil pour rendre compte de l’immatĂ©rialitĂ©. L’artiste rĂ©ussi Ă  sculpter le temps, en utilisant ses harmonies personnelles du nombre d’or pour le montage de ses films. GrĂące Ă  ce procĂ©dĂ© ont Ă©tĂ© créé des ‘’bijoux visuels’’ tels que le film Mayola (1958) ou Fer Chaud (1957), oĂč l’artiste aborde la lumiĂšre d’une façon presque sauvage, avec des contrastes allant jusqu’au noir.

A partir de 1961, il commence Ă  crĂ©er des Ɠuvres pour la tĂ©lĂ©vision exclusivement, oĂč il explore les possibilitĂ©s esthĂ©tiques et techniques de son Luminoscope puis plus tard de son TĂ©lĂ©luminoscope. Ce seront, Variations Luminodynamiques 2. et Variations Luminodynamiques 3. (1973) ainsi que le film publicitaire Dubonnet.

Le troisiĂšme groupe de son Ɠuvre audiovisuelle est la vidĂ©o-danse dont son expression la plus importante a eu lieu lors de l’évĂšnement cybernĂ©tique KYLDEX1 Kybernetische Luminodynamische Experiment 1, un opĂ©ra composĂ© de quinze sĂ©quences programmĂ©es qui pouvaient ĂȘtre modifiĂ©es par le public. Une des sĂ©quences comportait des images prises de la tĂ©lĂ©vision en temps rĂ©el, et une performance de Carolyn Carlson oĂč l’artiste interagissait avec sa propre image projetĂ©e sur un Ă©cran de 200 mĂštres carrĂ©s et l’électrocardiogramme d’un spectateur.

L’ensemble du spectacle comprenait 5 sculptures Ă  dĂ©placement autonome, le corps de ballet de l’OpĂ©ra, les deux Ă©toiles et 3 scĂšnes Ă©rotiques, sur une musique de Pierre Henry et les chorĂ©graphies d’Alwin Nikolais.

Artiste multimĂ©dia, sculpteur, pionnier de l’Art CybernĂ©tique, musicien, ces quelques mots sont insuffisants pour rendre compte de la complexitĂ© d’une Ɠuvre comme celle de Schöffer. Face Ă  son travail il est important de comprendre que les processus immatĂ©riels de son Ɠuvre dĂ©signent un nouvel Ă©tat de conscience humaine, ce moment de synchronie oĂč nous pouvons ĂȘtre tĂ©moins de l’immatĂ©rialitĂ© de la vie.

Pour plus d’information :

  • Nicolas Schöffer, Edition Les Presses du RĂ©el. 2003 La ThĂ©orie des Miroirs par Nicolas Schöffer, Edition numĂ©rique rseditions.com Le Spatiodynamisme par Nicolas Schöffer, Edition numĂ©rique rseditions.com

 – La Ville CybernĂ©tique par Nicolas Schöffer, Edition numĂ©rique rseditions.com

Image : Capture d’écran « Variations Luminodynamiques 1» 1961

1Úre émission réalisée par un artiste pour la télévision © Eleonore Schoffer

VidĂ©os disponibles sur RDV, videos de Nicolas Schoffer Disponibles con previa Cita cs.consultart@gmail.com/ +33 675686979

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Image : Capture d’écran « Variations Luminodynamiques 1» 1961

1Ăšre Ă©mission rĂ©alisĂ©e par un artiste pour la tĂ©lĂ©vision Â© Eleonore Schoffer

VidĂ©os disponibles con previa cita/ available by appointment/ disponibles con previa cita

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